Galop d’essai d’écriture n°2
“Sur le cuir de ma pensée”
Quand on me demande
Je dis je suis d’ici
D’ici je suis je dis
Mais je peux le dire aussi
Simplement parce que ça jaillit
Pour la joie de l’éclaboussure
Pour me sentir beau (belle)et désaltéré(e)
Un jour silex mâle grand-père
Et silex femelle son épouse
Ont frotté leur sexe pour faire chauffer la soupe
Et me voici comme un feu naturel
A cheval sur du combustible fossile
On me dit alors c’est toi tu es de là
Non je dis
Tu n’as pas compris ?
Je suis d’ici
D’accord d’accord, c’est noté
Pas de là, d’ici
Compris compris, pas te fâcher
Moi bien où je suis c’est simple
C’est entre cette colline, ce mur et cette route
Un royaume taillé dans le ventre des calendriers
Petit mais plus épais
Qu’un sandwich au charbon (composé de lumière et d’obscurité)
Les arbres sont debout parce que je les regarde
Et la rivière coule directement de mon foie
Chaque oiseau provient de mon choix
A plume, à poil ou embroché
Un ciel par jour
Dans le creux de la main
Un sol par jour
Dans la ligne du pied
Ici ce sont les chats qui aboient
Et les chiens dorment en rond
Sur les paupières des morts
Parce que c’est le plaisir d’appartenir
Le plaisir de pousser
Sur l’odeur du temps passé
A pousser le temps sous terre
On pourrait tendre ma peau entre les points cardinaux
Et inviter dessus des empreintes de gaulois
Mangeurs de sangliers
Pas près de partir
Je suis venu au monde
Avec un chausse-pied
Ajusté pile
Pas près de partir
Ici je ne vieillis pas
C’est le temps qui s’épuise
A compter les ans
Sur le cuir de ma pensée
Pauvre gars
Pas près de partir
Pas près de partir
_ Jean Cagnard