Juin : parution de ANIMAUX EXTRAORDINAIRES
Ce nouveau texte de Jean Cagnard aux Éditions Espaces 34 sort le 23 juin dans toutes les librairies.
« Poème dramatique à la langue ciselée et d’une grande simplicité évoquant avec subtilité et intelligence la complexité des rapports familiaux. » [Centre national du livre, octobre 2021]
Aucun des enfants n’avaient fait le déplacement
Notre père n’avait pas désiré notre présence
Il voulait être seul avec sa femme
Notre mère
Ainsi là où nous aurions dû être
Nous n’y étions pas
Formant un cercle de chaleur autour de la défunte
Nous n’y étions pas
Là où nous aurions dû être
Les sept enfants
Où les forces de l’amour auraient dû nous placer
Il n’y avait rien
Seulement des espaces libres
Comme des portes claquant au vent
Femme. – (…) Et un sentiment de paix presque douloureux envahit ton être tout entier, ce sera ta dernière sensation, tu sens tes os se remplir d’une matière tout à fait nouvelle, comme un très gros shoot de poésie. Tu n’es plus un corps, tu es un véhicule. Tu te demandes si tu n’as pas vécu uniquement pour cela. Pour voyager sans limite. Tu es morte et tu n’es pas triste, tu es morte et tu es légère, infinie et savante, tu es morte et tu es enfin parfaite. Tu sembles pouvoir aller où bon te semble. Le temps où tu étais une passagère est déjà loin. On pourrait te confier l’élaboration de la fission nucléaire comme celle du paradis terrestre.
Tout part de la mort de la mère et de cette étrange cérémonie qui lui est faite, comme il ne devrait pas en exister. C’est le fils qui parle, dans un langage épuré, réduit à l’essentiel. À travers une série de récits, de souvenirs, de questionnements, de révélations, d’étonnements, il nous offre une balade poétique, dessinant le faisceau drôle et cruel de la famille et de la fratrie, de l’engagement sans fin d’être un enfant. L’intrusion inattendue de la parole de la mère dessine une vision détaillée et apocalyptique de son corps plongé dans les flammes du crématorium ; métaphore du réchauffement climatique et de sa conséquence directe, la disparition de l’humanité.